Ce vitrail, pièce maîtresse des vitraux qui ornent le chœur, fait actuellement l’objet d’une réflexion du conseil municipal et de l’association des « Amis de l’Abbatiale » visant à sa rénovation.
En effet la pollution et les intempéries encrassent à tel point certains tableaux que ceux-ci en deviennent indistincts. Les photos que nous en avons pris en sont la preuve.
Nous présentons ce vitrail en détaillant chaque scène. Habituellement nous le regardons, d’une manière globale, sans pour autant nous attacher à chaque détail. En le disséquant nous vous donnons la possibilité de vous y attarder.
Et nous le ferons en nous appuyant sur l’étude archéologique qu’à faite André Philippe en 1931 dans son livre « L’Abbaye de Saint-Jean-aux-Bois », hélas épuisé depuis bien longtemps.
Bref rappel historique
L’église fut construite dans le premier quart du 13e siècle et le chœur vitré vers 1230. A la fin du 16e siècle, plusieurs lancettes furent aveuglées à des hauteurs différentes et une partie des vitraux fut donc supprimée. A la fin du 19e siècle, les lancettes furent débouchées, et en 1868 le vitrail de la passion (celui qui nous intéresse aujourd’hui) fut restauré. Ces vitraux furent déposés en 1944, puis restaurés après 1955 par Jean-Jacques Grüber.
Retour sur cet épisode
En 1944, les pouvoirs publics entreprennent, en raison des évènements, de mettre à l’abri tous les vitraux offrant quelque intérêt. C’est le cas pour certains vitraux de l’église de Saint Jean aux Bois. Le 1er août, le maire, Monsieur le docteur Hammel, est informé, par la direction des monuments histo-riques, que la dépose de ceux-ci, ayant été effectuée plus tôt que prévus, les circonstances actuelles en étant la cause, lui-même ainsi que l’abbé Coulaud n’ont pu être prévenus.
Sitôt la guerre terminée le maire s’enquiert auprès de l’administration de la repose des vitraux. Il faut attendre le 24 avril 1951, pour que la direction générale de l’architecture l’informe « que la repose des vitraux de l’église de votre commune a été prévue au programme des travaux de 1951, dommages de guerre… mais que l’insuffisance des crédits n’a pas permis, jusqu’alors de retenir cette opération qui a dû être différée ».
Dans sa séance du 9 novembre 1954, le conseil général de l’Oise émet « un vœu tendant à la mise en place des vitraux de l’église de Saint Jean aux Bois classée parmi les monuments historiques ».
Le 25 février 1955, Monsieur Jean Legendre député du secteur, suite à la lettre que lui avait adressée Monsieur Champion, maire à l’époque de St Jean, lui écrit que « le gouvernement était renversé au reçu de sa lettre » mais que « maintenant qu’il y a un responsable aux Beaux-Arts, je tente une intervention et ne manquerait pas de vous tenir au courant du résultat obtenu ».
Le 9 mars 1955, suite à son intervention auprès du directeur général de l’architecture, le député est informé qu’un devis de 2.647.120 frs a été établi pour cette opération.
Le conseiller général du canton, Monsieur le docteur Gand, intervient à son tour le 27 avril 1955.
Toutefois, pour une opération où la commune, somme toute n’avait qu’assisté et qui lui avait causé des désagréments, son concours financier est sollicité à hauteur de 5.000 frs.
Cette question réglée, la direction des bâtiments de France, informe le maire par courrier daté du 12 mars 1956, que la repose des vitraux aurait lieu aux beaux jours.
Ces travaux eurent lieu durant les mois de juin et juillet 1956 et c’est le maître verrier Gruber1 qui effectua ce travail de repose et de restauration.
Comme quoi il n’aura fallu que douze années .…
1-Jean-Jacques Grüber, maître verrier né en 1904, fils de Jacques Grüber un des maîtres verrier de l’école de Nancy allie sa carrière artistique à des travaux d’histoire du haut Moyen-Âge et devint animateur du groupe d’histoire de l’art de la Sorbonne. Il décède en 1988.