L’épidémie de choléra de 1832

Il est de ces années qui marquent particulièrement la mémoire collective. Même si 1832 paraît bien loin pour nous, pendant très longtemps le souvenir de l’épidémie de choléra de cette année-là resta gravé dans les esprits de nos anciens.

 

Cette année 1832 qui se terminait, il y a 182 ans de cela, avait été particulièrement dramatique pour les habitants de Saint-Jean.

 

L’épidémie de choléra qui s’était abattue sur le Compiégnois au printemps frappa cruellement le canton.

 

De la ville elle gagna successivement toutes les communes alentour, et pénètra à Saint Jean aux Bois le 6 mai.

 

Par arrêté préfectoral du 26 avril 1832, toutes les écoles primaires des communes atteintes par la maladie sont fermées.

 

Le Conseil municipal de Saint-Jean, lors d'une réunion tenue le 20 mai, fait alors état de 30 habitants atteints par la maladie.

 

D'après le registre d'état civil, il apparaît que le pic des décès se situe au mois de juillet. Entre le 10 et le 22 de ce mois, il en est enregistré 5 au rythme d'environ un tous les deux jours.

 

Toujours d'après le registre d'état civil, 9 décès sont enregistrés entre le 5 mai et le 22 juillet, date probable à laquelle se situe le dernier mort dû à cette épidémie. Trois femmes : Marie Louise Maxence Ménage, 60 ans ; Charlotte Leleux, 43 ans et Marie Thérèse Victoire Langelez, 68 ans. Six hommes : Jean Louis Magniant, 65 ans, Jean Baptiste Laissaint ; 58 ans, Pierre Irénée Camus, 21 ans ; Jean Baptiste Boutanquoi, 55 ans ; François Leleux, 41 ans et Jean Louis Toussaint, 64 ans.

 

On remarque que les décès ne concernent que des adultes, et pour la plupart des personnes âgées (pour l'époque). Pas un seul décès d'enfant n'est enregistré durant cette période.

 

Les autorités avaient sans doute pressenti les risques d'épidémies dues aux conditions d'hygiène et de salubrité qui régnaient alors dans la plupart des villages du canton.

 

Le 8 avril 1832, le Préfet prend un arrêté, dans lequel il pointe du doigt toutes sortes de manquements aux règles d'hygiène et indique les précautions à prendre afin d'améliorer la situation. Il cite pêle-mêle les tas de fumiers devant les maisons, les fosses où croupissent les immondices pour former de l'engrais, le curage des fossés à la suite de quoi on laisse les boues sécher au soleil, etc. autant de risques pour la santé des habitants. Le rouissage du chanvre est également montré comme une opération dangereuse pour la salubrité publique.

 

Le Préfet recommande la mise en place dans les communes de commissions chargées de veiller à l'abandon de telles pratiques et demande aux maires de prendre des arrêtés à ce sujet.

 

C'est ce que fera le maire de St Jean qui le 12 avril 1832 "nomme pour les hameaux de La Brévière et Malassise, le sieur Mismacq François Denis, conseiller municipal, marchand de bois, résidant au hameau de La Brévière, et Renard, Jean Michel, membre du conseil municipal, habitant le hameau de Malassise, aux fonctions de commissaires municipaux, et les charge de surveiller l'exécution de toutes les mesures prescrites et à prescrire pour les règlements concernant la salubrité publique et la police sanitaire, chacun dans leur résidence".

 

Le 19 juillet, le Préfet recommande d'éloigner des habitations le rouissage du chanvre et de ne le pratiquer que dans des eaux courantes.

 

Le 8 août 1832 le maire prend l'arrêté suivant :

 

"Nous, maire de la commune de Saint Jean aux Bois, vu les arrêtés de M. le préfet des 2, 5, 9 avril et 19 juillet derniers, qui prescrivent des mesures d'assainissement et de salubrité, et notamment celui du 19 juillet qui signale le rouissage du chanvre comme métier très insalubre, et par lequel il prescrit de choisir les lieux les plus éloignés possible des habitations où il sera permis de le faire rouir ainsi que ceux où on le pourra faire sécher.

 

Considérant le peu de temps que la maladie ne règne plus dans cette commune, et régnant encore dans les communes voisines, craignant son retour en cette commune,

 

Arrêtons en conséquence, qu'on ne pourra faire rouir le chanvre qu'à l'étang de Saint Jean et dans les ruisseaux des prés dits de Malassise, il est expressément défendu d'en faire ramener sécher dans aucun autre lieu auprès des habitations, les délinquants seront poursuivis devant les tribunaux compétents".

 

Cet arrêté sera approuvé par le Préfet le 20 août suivant.

 

Mais les conditions d’hygiène déplorables à l’époque, la malnutrition latente avaient favorisées le développement de cette épidémie.

 

Si les progrès scientifiques, l’hygiène, la médecine, l’alimentation ont permis depuis de faire reculer, du moins dans nos régions, de tels fléaux, il apparaît que de nos jours des parties du monde où les habitants vivent encore comme vivaient nos aïeux ne sont pas à l’abri de tels désastres. Nos yeux se tournent vers le l’Afrique occidentale où des milliers de personnes sont les victimes du virus Ébola. 

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