Petit ajout anecdotique.
Jeanne Poisson
Certains s’étonneront de voir figurer une marchande de poissons parmi les professions féminines et imagineront un étal ayant pignon sur rue à l’égal des cabarets du village.
Rien de tout cela. Ce commerce était ambulant.
Jeanne (Adélaïde) Verrière, qui habitait au 6 de la rue du Couvent, face à la salle capitulaire s’était fait une spécialité dans cette activité.
« Pour se faire quelque argent (ses ressources étaient fort modestes), Jeanne parcourait le village et ses écarts, deux fois par semaine, proposant à ses éventuels clients, les produits de la dernière marée échoués à Compiègne.
Afin de les rendre plus désirables, elle les étalait savamment sur le fond d'une voiturette à quatre roues, qu'elle poussait devant elle, du bourg à Malassise, de Malassise à La Brévière. Le fond (le hameau) n'existait pas encore.
Elle jouissait dans le village d'autant de sympathie que de popularité.
Quelqu'un (sans doute un passionné d'histoire) l'avait un jour appelée Jeanne Poisson, en souvenir de la célèbre marquise de Pompadour dont c'était le patronyme.
Le surnom lui était resté (familier certes, mais assez glorieux), dont elle ne s'offensait pas, en connaissant l'origine.
Elle était d'autant mieux accueillie, qu'elle véhiculait, avec sa charge de fruits de mer, les dernières nouvelles du village.
A cette époque, où les médias n'avaient pas encore dit leur nom, elle était la gazette locale.
Son passage très attendu, créait un événement comme jadis la diligence au relais des postes de La Brévière.
Je ne sais si, dans ce commerce aléatoire, elle s'enrichissait beaucoup, mais la longue marche qu'elle s'imposait et les conversations dont elle était l'occasion, constituaient d'heureux divertissements à sa vie routinière ; sa santé et son équilibre moral en bénéficiaient sûrement. »
Extraits d’un hommage que lui rendit le chanoine Coulaud à son décès en 1956.