C’est un décret de la Convention nationale en date du 25 vendémiaire an II (16 octobre 1793) qui rend obligatoire le changement des noms des villes et villages pour tous ceux qui de près ou de loin rappelaient l’ancien régime. Les noms des villes ou villages commençant par “Saint“ ou “Sainte“, en raison de la déchristianisation.
Dès le 3 frimaire an II (23 novembre 1793), plusieurs membres de la société populaire de Compiègne demandent que le nom de la commune de Saint Jean aux Bois, entre autre, soit changé et que le nom de Sainte-Périne soit remplacé par celui de Maison-Estave.
Plus tard le 15 décembre, les administrateurs du district de Compiègne, sur la demande de ceux du département de l’Oise, envoyent la liste des communes dont les noms étaient ou devaient être changés.
Le 15 décembre 1793, le Conseil du district envoie la lettre suivante au Département : “Compiègne, 25 Frimaire an II de la République Française, une et indivisible
“Citoyens,
Nous vous envoyons, d’après votre lettre du 15 de ce mois, la liste des communes dont les noms sont changés ou doivent l’être, à raison qu’ils rappellent des idées de despotisme, de tyrannie ou de superstition.
Nous vous observons que le hameau ci-devant Royalieu, aujourd’hui hameau de la Révolution, est le seul dont le nom soit changé.
Quinquet, président, Bertrand, P. S., Mottet, Thirial, Bertin, J. S. Sivé, Lefebvre, Normant”.
Suit la liste des noms des communes à changer.
Le nom de “La Solitude” était proposé au lieu et place de Saint Jean aux Bois.
Il faut noter que ce nouveau nom n’avait été proposé, ni par les habitants, ni même par la municipalité. En dehors de St Crépin aux Bois qui avait souhaité changer de nom, aucune des autres communes n’avait fait de proposition en vue de modifier leur appellation.
Par une lettre datée du 1er nivôse, le département informe le district que le Ministre de l’intérieur désire que dans les plus brefs délais lui soit adressé une liste exacte des noms des municipalités et des changements qui seront jugés nécessaires1.
C’est le 20 pluviôse an 2 (8 février 1794) que sera pour la première fois utilisé le terme de “Solitude ” au lieu et place de St Jean aux Bois, dans une délibération de la municipalité2. Dans des circulaires adressées par le district, le nom de Solitude est souvent suivit de “ci-devant St Jean aux Bois ”. De même, pendant un certain temps, l’appellation St Jean aux Bois continue à être utilisée seule. L’état civil utilisera pour la première fois cette nouvelle dénomination de Solitude dans un acte de décès daté du 29 ventôse an II (19 mars 1794).
On ne sait pas exactement ce qui a déterminé la société populaire de Compiègne à demander à ce que le nom de Saint Jean aux Bois soit remplacé par celui de La Solitude, mais on peut penser que sa situation géographique au milieu de la forêt y ait été pour quelques chose.
Quelques années plus tard, en 1864, Louis Sauvageot écrira dans sa description de Saint Jean : “Une grande partie des habitants étant occupée dans la forêt, il en résulte au milieu du jour une solitude presque complète“.
Curieusement, vers 1900, Paul Fort se laissera aller à une description presque similaire lorsqu’il écrira : “Mais ce que j’aime en lui, surtout, c’est l’abandon discret et journalier qu’en font ses habitants. Dès la pique de l’aube je me lève et déjà, les bûcherons sont au cœur mystérieux des bois“
Est-ce des sentiments identiques qui avaient poussé ces révolutionnaires à comparer Saint Jean à la solitude ?
Si le village n’a pas conservé ce nom préférant celui d’un passé lointain qui dès les origines fut le sien, ses habitants par contre n’ont pas boudés de rester “Les Solitaires“.
1 Archives départementales de l’Oise. Délibérations du conseil de district 2Lp 5006.
2 Archives de la commune de Saint Jean aux Bois.
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Vendredi prochain 23 mars 2012 à 20 heures, se tiendra à la maison du village, l’assemblée générale de l’association “La Mémoire de Saint Jean”.
Vous êtes cordialement invité à y assister.