Suite à nos articles sur les exercices de tir à l’école, deux de nos fidèles lecteurs nous apporte des précisions sur le sujet. Jean-Pierre Böhm, spécialiste des armes, nous communique un article sur les fusils scolaires dont nous publions des extraits. Michel Théveniault nous envoie des photos dont l’une de la société de tir de Saint Jean en 1928. Nous nous faisons un plaisir de les publier, compte tenu de leur intérêt qui ne manquera pas de vous échapper.
Carabines scolaires Pidault
Il s’agit d’un des très nombreux modèles de carabines scolaires françaises, copies plus ou moins fidèles du fusil Lebel, qui préparait les écoliers à la « revanche de la défaite de 1870 ».
A la fin du siècle passé, les sociétés de tir ou de gymnastique pouvaient être dotées de trois types d’armes pour le tir à longue distance (150-200 mètres). D’abord le célèbre Chassepot de la guerre franco prussienne, adopté officiellement en 1866 et d’un calibre de 11 mm puis, après 1874, le fusil Gras, de 11 mm également, et enfin le fusil 1886 modifié 1893 de calibre 8 mm., dit ” Lebel ” du nom de son inventeur. Cette arme excellente, d’un poids raisonnable (4,180 kg), avec laquelle les tireurs obtenaient de brillants résultats, pouvait tirer jusqu’à une douzaine de coups par minute, ce qui représentait un progrès considérable par rapport aux trois ou quatre coups du Gras.
Pour les élèves, une carabine “La Française” était proposée par l’Union des sociétés de tir de France, crée en 1886, dont le rôle était d’organiser des championnats nationaux et scolaires, d’établir des records et de préparer la jeunesse à l’obtention du certificat d’aptitude militaire. L’arme, de calibre 6 millimètres, était prévue pour le tir à 10-12 mètres mais sur demande, la carabine pouvait être chambrée pour le tir à longue portée (150 à 200 mètres) ; dans ce cas elle employait une cartouche longue.
Les armes de guerre pouvaient être cédées à titre de prêt par le ministère de la Guerre ou cédées à titre onéreux. Après 1908, les S.A.G. pouvaient disposer du fusil 1886 modèle 93.
L’instruction d’avril 1892 permettait aux sociétés mixtes de tir de percevoir à titre de prêt au maximum dix fusils Gras modèle 1874-85 ou 1885 et dix fusils ou mousquetons modèle1874 M 80 et quatre revolvers. En cas de mobilisation, la réintégration des armes devait être immédiate et sans préavis, cependant il est possible que les armes prêtées n’aient pas été rendues car en décembre 1914 le ministre de la Guerre invita les généraux commandants les régions à mettre des armes et munitions à disposition des sociétés de tir.
Les demandes de cartouches, à titre onéreux, devaient être adressées au général commandant le corps d’armée. La délivrance de munitions à titre gratuit pouvait être accordée sans dépasser annuellement 30 cartouches par homme. A partir de 1908, il est alloué chaque année gratuitement 40 cartouches pour les membres militaires et les jeunes gens âgés au moins de 17 ans, et 20 cartouches pour les civils et les élèves des sociétés scolaires âgés de 15 à 17 ans.
A l’origine la balle du fusil Lebel (longueur 30,5 mm ; diamètre 8,17 mm.) se composait d’un noyau de plomb durci et d’une enveloppe de “maillechort” (invention de Messieurs Maillot et Chorier) : alliage composé à 95 % de plomb et 5 % d’antimoine. Cet alliage était fondu et coulé dans des moules à balles puis les noyaux étaient comprimés et vérifiés avant d’être réunis à l’enveloppe. L’enveloppe était formée d’un alliage à 80 % de cuivre et 20 % de nickel ou bien de cuivre pur.
La balle était très légèrement conique et se terminait par un léger méplat de 4 mm qui disparaîtra en 1890 au profit d’un sommet arrondi. Aux vitesses atteintes par ces projectiles de nombreux incidents de tir furent constatés par déchirement de l’enveloppe entraînant le “déchemisement ” partiel de la balle. Ces incidents conduisirent à la fabrication de balles en laiton massif à partir de 1898.
Source :extraits du forum de discussion Nouvelle page O (extraits)
www.littlegun.info/arme%20francaise/…/a%pidault%20fr.html
(à suivre)
Merci Robert pour cette leçon d’histoire peu connue
Certes on était échaudé par la défaite de 1870, mais de là à généraliser l’enseignement et l’utilisation des fusils à l’école, c’est quelquechose d’aberrant qu’on imagine à peine pensable
aujourd’hui. Question: N’a t-on pas ainsi préparé subtilement ces enfants à la future “boucherie” de 1914/1918 ? N’oublions jamais; le génie de l’Homme n’a pas de limite quand il s’agit de
perfectionner des armes; et – même présentées de la plus belle manière – une arme, quelle qu’elle soit est faite pour tuer et rien d’autre. Alors baninssons l’armement et militons pour
la paix et le fraternité.
Cet esprit de revanche était réellement ancré dans la tête des gens de l’époque. Il suffit de voir des documents filmés de 1914 pour se rendre compte à quel point les gars partaient casser du
“bôche”.
Ils avaient été formatés pendant cinquante ans à cela. La haine de l’allemand était très forte. Je me souviens de ma tante qui ne terminait jamais un repas par : “Encore un que les bôches
n’auront pas”.
C’est curieux comme le nombre de personnes qui ont lu ces articles ont fait une découverte. Pourtant c’est quelque chose d’officiel, de vécu.