Quelques années plus tard, entre 1925 et 1930, le docteur Bresset, alors maire de Saint Jean rédige une note de la façon abrupte dont il accompagnait parfois ses appréciations. “Je suis porté à croire que le fait rapporté par Carlier est faux. Ce doit être une histoire inventée au XVIIIe siècle par les chanoines pour expliquer l’état de ruines dans lequel ils avaient laissé tomber leur prieuré”.
Dans les années 1944-1945 le docteur Hammel, alors maire de St Jean, émet à son tour des doutes quant à la véracité de ces faits. Il écrit : “Les registres paroissiaux étaient ouverts à Saint Jean depuis deux ans. Ils ne mentionnent rien qui fasse penser à un sac de la paroisse. Toutefois, les actes enregistrés en 1652, 4 naissances et 4 décès, sont tous compris entre janvier et mai. Les premiers actes de 1653 sont de mars. Rien donc qui permet d’affirmer ou d’infirmer”.
Les registres trop récents de la paroisse de Saint Jean ne permettent pas de tirer, en effet, un quelconque constat de cette période. Nous notons 3 décès en 1650 ; 9 en 1651 ; 4 en 1652 ; 7 en 1653. En 1652, nous avons lu que la population d’une trentaine de villages de l’Île de France, à la suite du passage des troupes de Turenne, avait enregistré un nombre de morts dont la moyenne annuelle était supérieure de 25 à 30 % à la moyenne habituelle. Rien ne nous permet de faire le moindre rapprochement avec la situation de Saint Jean.
Plus près de nous “Le guide de l’Oise – Le dictionnaire des communes” écrit, au sujet des bâtiments conventuels : “démolis essentiellement à la fin du XVIIIe siècle et non détruits en 1652 par les troupes de Turenne comme on le croyait”.
Les plans cavaliers qui datent des années 1660/1670, montrent bien l’ensemble des bâtiments qui paraissent intacts.
Un plan du village établi au mois de mars 1762, nous permet de voir l’église, les bâtiments conventuels, la ferme et sa porte cochère, l’entrée de l’abbaye et ses deux tours, la grange et 26 maisons qui figurent à l’inventaire des biens ecclésiastiques de 1790 (archives communales). Seul le cloître a disparu. André Philippe dans son livre “l’abbaye de St Jean aux Bois” situe sa disparition entre le milieu du XVIIe siècle et le milieu du XVIIIe, donc après 1652.
Il faut attendre le relevé cadastral de 1827, pour avoir un aperçu précis du village. Toutefois rien n’est changé quant à la disposition des principaux bâtiments.
Pour conclure sur ce “Passage des troupes de Turenne” je ne prétends pas que mes réflexions soient les bonnes. J’ouvre simplement une piste de recherche. Je souhaite simplement que ceux qui écrivent sur Saint Jean aux Bois, n’évacuent pas aussi simplement cet épisode de la vie de notre village en se rapportant à un texte non vérifié de 1764.
Encore un effort Robert… et tu vas bien finir par trouver des documents irréfutables sur le passage des troupes de Turenne à St Jean… Après tout ce n’est pas si loin!
En tous cas, merci et un grand bravo pour toutes ces investigations qui nous apprennent pas mal de choses sur le passé de notre village.
Ce que j’espère surtout c’est que d’autres en apportant aussi.