Le ramassage des faînes était une pratique très ancienne qui se pratiquait le plus souvent en famille. Pour certaines tous les membres y participaient.
Si les droits d’usages ne font pas explicitement référence au ramassage de la faîne, le droit de la glandée en forêt pour les porcs s’entendait pour les glands et les faînes.
Les plus anciennes archives de la commune concernant le ramassage des faînes remontent à l’année 1815. Ce droit était particulièrement réglementé et chaque autorisation était accordée en contrepartie d’une quantité de faînes que chacun devait fournir à l’administration.
Ainsi pour 1815 (31 familles de La Brévière et 30 de St Jean sont inscrites sur les listes), chaque ramasseur doit ” fournir de la faîne à raison d’un pichet rendu à La Muette le 31 décembre 1815“. Les habitants fourniront 126 pichets cette année-là.
Le ramassage des faînes s’est pratiqué de nombreuses années. Nous trouvons trace des listes établies par le maire jusqu’en 1869. Mais cette pratique s’est poursuivie bien plus tard, disons jusqu’au début de la guerre 1914/1918 puisque nous retrouvons une affiche de l’administration des Eaux et Forêts datée de 1912. Chaque année le maire adressait au Conservateur des forêts la liste des habitants qui souhaitaient en ramasser, et celui-ci fixait, suivant la récolte, la quantité que chacun devait fournir à l’administration.
Des permissions collectives n’étaient attribuées que pour les personnes d’une même famille. Les enfants au-dessous de 12 ans ne payaient que la moitié de la rétribution demandée. Tous ceux qui avaient encouru des condamnations forestières, ne recevaient aucune permission avant qu’ils n’aient préalablement justifié du paiement des amendes et de la restitution des biens pour lesquels ils avaient été condamnés.
En 1853, des protestations s’élèvent en raison de la quantité demandée à chaque ramasseur qui s’élève à 12 litres de faînes. De plus une journée de travail devait être consacrée à l’administration au moment où cela lui convenait. Par une lettre datée du 10 octobre, les maires de La Croix St Ouen, St Sauveur, St Jean aux Bois et Pierrefonds s’adressent à l’Empereur et lui font remarquer que cette “redevance paraît exorbitante à tous, eu égard de la faible quantité de faînes à ramasser ; elle sera même onéreuse pour beaucoup de familles, car généralement ce sont les pauvres qui ramassent ce fruit“. Ils demandent “en considération de la cherté des denrées alimentaires, que Votre Majesté daignera donner des ordres pour qu’ils leur soit fait cette année remise de toute rétribution, ou au moins de la journée de travail“.
Comme quoi, rien à faire, le pauvre paie toujours.
De ce point de vue il n’y a rien de nouveau sous le soleil.